La Danse Ou Comment Panser nos Blessures Par Le Mouvement

La mise en mouvement du corps est un processus qui amène l’inconscient à dénouer ses tensions. De plus, danser induit la sécrétion d’endorphines, hormone du plaisir qui va nourrir et tranquilliser notre cerveau.

Dans le monde du mouvement, les danses tribales, instinctives ont servi d’exutoire à bien des peuples avant nous. Aujourd’hui, le contemporain, la danse africaine ou le ragga sont de parfaits exemples de médias d’expression du lâcher prise du mental par le corps.

L’art de la danse

L’art de la danse associe le corps et l’esprit. Se sont deux entités intimement liées, inséparables pour cette activité. Si on danse avec notre corps, on danse aussi avec notre cerveau.

Le corps est notre enveloppe physique, le réceptacle de conflits, d’agressivité suscitant des émotions toxiques. Si elles ne sont pas exprimées, elles provoquent des douleurs physiques.

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La danse travaille sur l’expression de l’émotion, sur l’intensité des sentiments et du ressenti. Elle tente de mobiliser, de canaliser l’émotion, pour la laisser s’exprimer, sortir et se défaire de la douleur physique associée.

Le mouvement permet une décharge émotionnelle. Ce qui est important, c’est de donner de l’ampleur au mouvement pour qu’il fasse écho en nous. Exprimer et symboliser une émotion par le mouvement permet de libérer notre souffrance psychique et physique.

Les émotions possibles en lien avec la nuque

La région de la nuque, du cou et des épaules est l’endroit du corps par où transitent les énergies et les pensées, avant de se répartir dans le reste du corps. Symboliquement, la nuque est le lien entre notre psychisme et notre part somatique (le corps). Pour Michel Odoul, « La nuque est un lieu où les désirs ou les volontés l’ont pas encore émergé. Ils n’ont pas encore été en rapport avec l’extérieur. La nuque représente le point de passage du conceptuel (cerveau, idées, concepts, désirs, volontés) vers le réel (action, réalisation, relation, expression). » 

La danse classique nous enseigne l’art de garder la nuque dégagée, le cou allongé et les épaules basses. On pourrait y voir la leçon de garder corps et esprit à leur bonne place.

Plusieurs auteurs se sont penchés sur le lien entre le corps et l’esprit comme Jacques Salomé, Michel Odoul ou Charles Martel. Ils ont notamment étudié le torticolis, qui peut signifier de manière inconsciente notre difficulté à dire non, à refuser quelque chose envers ton patron, tes  amis, ta famille… Ces douleurs sont souvent en lien avec une rigidité ; d’où un besoin constant de contrôle, de se dire « je gère ». On accepte alors trop de choses, sans fixer de limites et sans oser dire « non ». Cela renvoie à une difficulté à lâcher prise, à trop « prendre sur soi » et vouloir faire plaisir aux autres. Cela peut aussi renvoyer à un manque de soutien (l’impression de tout devoir supporter), parfois un sentiment d’injustice.

Ces douleurs révèlent souvent un besoin de perfection, parfois une difficulté à s’accepter et un manque de tolérance envers soi-même. La région cervicale constitue un canal pour les émotions. Un afflux de stress, de l’anxiété peuvent provoquer des nœuds, des blocages, qui vont verrouiller cette partie du corps.

J’ai pris ici l’exemple de cette région de « passage », mais il faut savoir que, selon les mêmes auteurs, on trouve un lien entre douleurs et causes psychiques ou émotionnelles pour chaque région du corps.

La danse : une thérapie non verbale

La danse est une thérapie non verbale. Elle permet au corps de trouver refuge en elle. Elle lui permet de raconter une histoire, son histoire. La danse permet  de se découvrir ou de se redécouvrir, de se surprendre, d’aller à la rencontre de soi pour mieux se connaître, car elle porte en elle l’expression de nos instincts, de notre être profond.

Dans la danse, c’est le mouvement qui importe, car il est le libérateur d’une émotion, d’une énergie. La danse africaine en est le parfait exemple. Le mouvement apporte une décharge émotionnelle. Un beau mouvement, que l’on dira « fini » est un mouvement qui a du sens. Une chorégraphie nous emporte lorsqu’elle a du sens et que le danseur incarne ses émotions. Il y a une différence entre un mouvement mécanique, un mouvement technique et un mouvement ressenti. C’est à ce moment là qu’on peut parler d’ « état de danse ». Cette communion parfaite du corps et de l’esprit, c’est ce que connaissent les grands champions et les virtuoses.

« N’étant plus conscient de mon mouvement, j’ai découvert une unité avec la nature. J’avais trouvé une nouvelle source de puissance et de beauté, une source dont je n’avais jamais rêvé qu’elle puisse exister. » Roger Bannister

Danser pour se soigner

Il est important de pouvoir exprimer pleinement ses ressentis, ses émotions, pour éviter qu’une souffrance psychique se stigmatise dans le corps. Or, il n’est pas toujours facile de parler de soi. Il existe des thérapies non médicamenteuses, non verbales, permettant de soulager certaines de ses souffrances. Parmi elles : la danse.

A qui s’adresse-t-elle ?

Tout le monde sait danser ! Cela s’adresse à toute personne désireuse de réveiller son énergie, de retrouver du plaisir, de la convivialité, de la vitalité, de la sociabilité, de la confiance en soi ou en l’autre (grâce à la danse de couple), de la créativité.

Danser améliore les muscles et les réflexes. Cela active des connexions neuronales supplémentaires.

La danse-thérapie s’adresse aussi aux personnes timides, inhibées, à ceux qui ont besoin de lâcher prise. La danse permet de panser une blessure, souvent en lien avec une faible estime de soi.

Dans la danse de couple, le fait de s’abandonner à son partenaire, de se laisser guider, permet d’améliorer les relations sociales, affectives et de se sentir plus en confiance en société. Cette confiance en l’autre, loin d’être aliénante, permet au contraire de s’individualiser sans tomber dans une relation de dépendance, car la danse met en interaction deux personnages et chacun se raconte. La quête d’identité est donc une part importante.

La thérapie par la danse offre également des ouvertures à ceux qui souffrent de certaines pathologies. Pour les personnes souffrant de Parkinson, le tango permet de travailler l’équilibre et la coordination. Il va aider à lutter contre les raideurs et les tremblements.

La danse peut être associée à une forme de méditation en mouvement. Elle aidera les personnes souffrant de troubles anxieux et de ses symptômes associés : les maux de dos, la fatigue, la douleur physique.

Le charme de la danse vient également en aide aux personnes souffrant d’obésité. La danse permet de se réconcilier avec son corps, son image. Elle permet de se sentir mieux avec les autres et avec soi-même.

Aussi, sa pratique sera une valeur ajoutée pour les personnes souffrant de boulimie ou d’anorexie car ces personnes ont souvent une perception déformée du corps. Par la danse, elles vont se réapproprier une image réelle de soi.

En cas de cancer du sein avec ablation, la danse permet une reconstruction du schéma corporel et l’acceptation de son corps.

Pour les personnes à mobilité réduites ou en perte d’autonomie, elle permet d’animer les membres et de soutenir la motricité préservée.

La danse émotionnelle est avant tout un cheminement intérieur. Elle nous permet d’exprimer et de symboliser une émotion au travers d’un mouvement pour nous libérer aussi bien au niveau physique que psychique. A travers elle, nous pouvons extérioriser nos énergies négatives et positives. La danse est une fenêtre par laquelle notre corps entrevoit l’âme.

Et pour finir en beauté, je te partage un peu de joie !

Sources : « Libérez votre créativité », de Julia Cameron
« Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi », de Michel Odoul

Aur&liA